Quand on se sent proche de quelqu’un qui ne nous connaît pas : Comprendre les relations parasociales (parasocial relationships)
- Florie
- 7 mai
- 4 min de lecture

Dans un post précédent, nous avions exploré les liens parasociaux / parasocial relationships du point de vue de l'artiste: comment gérér l'affection, les attentes, ou les besoins de connexion émotionnelle de la part de fans qu'ils ne connaissent pas réellement. Aujourd'hui, on change de perspective.
Peut-être que tout a commencé avec une chanson. Une vidéo. Un live où cette personne a dit quelque chose qui vous a touché·e, comme si c’était juste pour vous. Et peu à peu, vous vous êtes surpris·e à penser souvent à elle — à vous sentir inspiré·e, apaisé·e, compris·e.
Et puis un jour, vous vous êtes rendu compte que : Vous vous sentez proche de quelqu’un… qui ne sait même pas que vous existez.
Ce sentiment porte un nom.On parle de relation parasociale — un lien émotionnel à sens unique, généralement avec une personnalité publique, un artiste ou une figure médiatisée. Et c’est bien plus courant qu’on ne le pense.
Si vous ressentez cela, sachez que vous n’êtes pas seul·e.Et non, vous n’êtes pas “bizarre”.Votre cerveau fait simplement ce qu’il sait faire de mieux : se connecter.
Pourquoi ces liens de 'relation parasociale' semblent si réels
Les êtres humains sont profondément sociaux. Notre cerveau est fait pour ressentir de l’empathie, pour imaginer, pour tisser du lien. Quand quelqu’un apparaît régulièrement sur notre écran — en parlant avec sincérité, en partageant son quotidien, en nous faisant rire ou pleurer — cela peut activer les mêmes circuits émotionnels qu’un lien réel.
On a l’impression de le ou la connaître.Parfois même, de se sentir connu·e par elle ou lui.
Et dans des périodes de solitude, de transition ou de doute, ce genre de lien peut devenir une forme de réconfort. Mais si l’attachement devient trop fort ou trop exclusif, cela peut aussi amener de la douleur, de la confusion ou un profond sentiment de vide.
Le problème, ce ne sont pas les émotions. Le problème, c’est le déséquilibre.
Comment accueillir ces émotions… sans s’y perdre
Vous n’avez pas à vous juger. Mais vous pouvez doucement transformer votre lien à cette personne. Voici quelques pistes pour avancer, avec douceur :
1. Mettre un mot dessus — sans honte.
Dire “Je crois que j’ai développé un attachement parasocial” peut déjà soulager. Ce n’est pas nier vos émotions. C’est leur offrir un cadre. Les nommer permet de les tenir à distance, sans en être prisonnier·ère.
2. Identifier le besoin sous-jacent.
Que symbolise cette personne pour vous ? Est-ce la sécurité ? La créativité ? Le sentiment d’être aimé·e, ou de compter pour quelqu’un ? Souvent, la personne qu’on idéalise représente une facette de nous-mêmes qu’on aimerait mieux connaître. Savoir cela, c’est déjà commencer à guérir.
3. Rééquilibrer le temps passé devant l’écran.
Prendre un peu de recul peut aider. Mettre cette personne en sourdine quelques jours. Et remplir votre quotidien avec plus de relations réciproques : amis, groupes de parole, projets créatifs… Cela peut sembler moins “intense” au début, mais c’est souvent bien plus nourrissant sur le long terme.
4. Garder l’admiration — sans l’idéalisation.
On peut continuer d’aimer. Garder sa playlist préférée. Revoir certains moments touchants. Mais se rappeler : cette personne est un être humain, pas un fantasme. Et vous ? Vous n’êtes pas une figurant·e dans sa vie. Vous êtes déjà digne d’attention. Déjà réel·le.
5. Revenir à votre propre histoire.
Que cherche à réveiller ce lien en vous ? Un désir de créer ? D’être vu·e ? De vibrer à nouveau ? Ces émotions sont des messages — pas seulement sur l’autre, mais sur vous-même. Laissez-les vous guider vers de nouvelles amitiés, des projets, ou des espaces qui vous appartiennent.
Petites questions douces (pour écrire, réfléchir, avancer)
Quand ai-je commencé à me sentir proche de cette personne ? Et que vivais-je à ce moment-là ?
Quelles émotions cela fait-il remonter en moi ?
Qu’est-ce que ce lien me permet de ressentir, que je cherche peut-être ailleurs ?
À quoi ressemblerait une vraie relation, où je me sens vraiment vu·e ?
Que dirais-je à un·e ami·e qui ressentirait ce que je ressens ?
Ressources utiles
Voici quelques pistes pour aller plus loin ou trouver du soutien :
🧠 Santé mentale & émotions
The School of Life (en anglais) – vidéos et articles sur les liens, les manques, les émotions humaines
VeryWell Mind (en anglais) – articles accessibles sur les relations parasociales et l’estime de soi
Psychology Today (en anglais) ou TherapyDen – pour trouver un·e thérapeute, si besoin
🎧 À écouter pour se sentir moins seul·e
Podcasts comme Where Should We Begin d’Esther Perel (intimité, émotions)
Créateurs de contenus qui parlent ouvertement des relations en ligne, comme la psychologue Kati Morton (en anglais)
Pour finir…
Se sentir proche de quelqu’un qu’on ne connaît pas personnellement, ce n’est pas un échec. Ce n’est pas une honte.
C’est un signe que vous ressentez encore. Que votre cœur veut aimer, vibrer, être touché.
Et si vous le laissez faire, ce lien parasocial peut devenir un miroir. Il peut vous montrer ce que vous cherchez, ce que vous portez, ce qui compte vraiment pour vous.
Et tout doucement, il peut vous ramener à ce qui compte le plus : votre propre voix et votre propre histoire.
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